Cloud Providers : comparatif des VPS à petit budget

Après quelques années à louer des VPS chez différents hébergeurs, par curiosité ou par relative nécessité, je commence à connaître le marché et les progrès effectués par les uns et les autres au fil du temps. Sur ce blog, j’avais déjà évoqué Scaleway (filiale d’Iliad) ainsi que Hetzner. Si Scaleway ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, j’ai été très satisfait d’Hetzner durant les 8 mois où j’ai été client pour 4 serveurs, sans compter que peu après la rédaction de l’article, il était possible de louer du stockage supplémentaire (comme le font presque tous les fournisseurs actuellement).

Utilisant également OVH et DigitalOcean et ayant utilisé de nouveau Scaleway, j’ai pensé à réaliser un comparatif sur les offres de ces 4 prestataires concernant leurs VPS d’entrée de gamme (1 processeur virtuel et 2 Go de RAM) qui peuvent être suffisants pour débuter l’administration GNU/Linux, le développement en Python, ou encore faire fonctionner un petit serveur web ou multimédia. N’ayant pas été client à titre professionnel, je me base uniquement sur mon expérience personnelle sur ces diverses plateformes que j’ai pu arpenter pour certaines, en long, en large, et en travers.

Présentation

OVH est probablement le plus connu des 4 puisqu’il est français et principalement basé à Roubaix. Scaleway est une filiale d’Iliad et auparavant de Online.net ; désormais Online et Scaleway ont fusionné. Hetzner est un hébergeur allemand, proposant diverses solutions un peu plus rares, comme la location de Storage Boxes (partages SFTP / Samba accessibles en ligne) ou du Nextcloud en SaaS. Enfin, DigitalOcean est une société américaine qui a connu (et connaît toujours) un développement relativement rapide de son activité et de sa présence physique sur les différents continents.

Tarification

OVHHetznerScalewayDigitalOcean
DénominationVPS Cloud 2016CX11DEV1-SStandard
Prix par mois8,99 €2,99 € TVA incl.2,99 €8,90 € (10 $)
vCPU1121
RAM2 Go2 Go2 Go2 Go
Stockage25 Go20 Go20 Go50 Go
Bande passante100 Mbps1 Gbps max.100 Mbps1 Gbps max.
TraficIllimité20 To sortantsIllimité2 To sortants
Snapshot4,99 € / mois0,01 € / Go / mois0,02 € / 50 Go / mois0,05 € / Go / mois
Sauvegarde7,99 € / mois20% prix mens. / moisn/a20% prix mens. / mois

Sur le papier, Hetzner est le moins cher puisque pour moins de 3€ par mois TVA incluse, il est possible d’avoir un VPS. Cependant, en incluant la TVA, Scaleway offre un deuxième cœur sur un processeur récent, ce qui n’est pas négligeable.

Ces prix peuvent s’expliquer par le positionnement commercial : Hetzner cherche à se développer et acquérir de nouveaux clients, avec une branche cloud qui a ouvert il n’y a pas si longtemps ; Scaleway se présente avant tout comme un partenaire des développeurs, où l’on créé ses laboratoires et environnements de développement, plutôt qu’où l’on bâtit son infrastructure de production. DigitalOcean et OVH sont à l’opposé des deux autres : une approche bien plus professionnelle qui se ressent au niveau des tarifs.

Performances

J’ai appliqué le même protocole de tests de performances pour ces 4 serveurs virtuels : deux tests d’écriture sur disque (un pour des petits fichiers, un pour des gros fichiers), plusieurs tests de performances réseau (speedtest-cli) et un dernier concernant le processeur (sysbench). Tous les VPS ont été installés sous Ubuntu 18.04 LTS.

Processeurs

Les CPU utilisés ne sont pas les mêmes en fonction des VPS. En utilisant cat /proc/cpuinfo, j’ai pu obtenir quelques informations :

  • OVH utilise des Intel Core ;
  • Hetzner utilise des Intel Xeon Skylake ;
  • Scaleway utilise des AMD EPYC 7281 ;
  • DigitalOcean utilise des Intel Xeon E5-2650L (Haswell).
Un sysbench a été exécuté en utilisant tous les threads disponibles sur le VPS.

Scaleway obtient le plus gros score sur ce bench grâce à son processeur récent et ses 2 cœurs ; DigitalOcean termine bon dernier à cause de son processeur ancien. Si la différence est marquante sur un test simple, les performances réelles dépendront de l’application exécutée.

Réseau
De multiples speedtest ont été réalisés sur des emplacements différents et une moyenne a été calculée.

Les résultats surprenants d’OVH s’expliquent par la limitation volontaire à 100 Mbps du VPS. Pour les autres, les débits étaient nettement plus fluctuants mais la moyenne s’établit naturellement au-dessus. Si Hetzner et DigitalOcean offrent des débits élevés, cela se paye au prix d’un trafic limité à 20 To pour le premier et 2 To pour le second. Les VPS chez DigitalOcean et OVH ont été loués au Royaume-Uni, Scaleway sur le datacenter parisien, le VPS Hetzner étant localisé en Allemagne.

Disque
Un test d’écriture de plusieurs fichiers de plus d’1 Go ainsi qu’un test d’écriture d’une dizaine de milliers de petits fichiers de quelques Ko ont été menés.

DigitalOcean rattrape ses performances CPU plus faibles sur le papier par un temps d’écriture sur disque très faible par rapport à la concurrence. Je soupçonne également OVH de faire du throttling afin de conserver un niveau de performance égal entre « locataires » d’une même unité de stockage, d’où le score plus élevé que la moyenne.

En pratique

OVH

L’interface entièrement en français d’OVH n’est pas des plus modernes ni des plus légères. Pour cause : elle n’est pas dédiée au cloud et n’en adopte pas la philosophie de fonctionnement. Sur les petits modèles, pas de tarification à l’heure, peu de flexibilité concernant les fonctionnalités de sauvegarde, tout se paye au mois. De multiples localisations sont possibles, en Europe comme sur le continent Américain ou en Asie. Il est possible de recourir à un firewall sur IP afin de sécuriser son serveur ; plus pratique qu’iptables pour les néophytes. Malgré son prix relativement élevé pour les caractéristiques, rien ne semble vraiment différencier OVH de la concurrence sur cette gamme, cependant la fiabilité sans faille ainsi que la réactivité du support et les nombreux tutoriels disponibles sur le site sont de sérieux arguments. Le côté simple de la location du serveur, sans véritable approche d’une vision flexible comme chez Scaleway par exemple et la tarification au mois sans surprise sont également rassurants. L’évolutivité n’est pas oubliée puisque l’on peut upgrader et downgrader son serveur depuis l’interface. Si OVH se concentre beaucoup sur des produits et offres généralement plus chères, le « petit » VPS bénéficie du même sérieux… ce qui se ressent sur le prix. Un choix avant tout à faire pour la sérénité de fonctionnement et la simplicité d’usage.

Scaleway

Bien qu’intégralement en anglais, l’interface de Scaleway est simple et rapide. Tout est compréhensible et la flexibilité semble être le maître mot pour déployer de multiples VM, soit à partir d’ISO standards d’OS GNU/Linux, ou à partir de snapshots réalisés, ou encore depuis le marketplace. Pour l’instant, deux sites sont proposés : Paris et Amsterdam. Attention car certains serveurs ne sont disponibles que sur un seul site et certains types de serveurs sont fréquemment en rupture de stock. Scaleway propose également des serveurs fonctionnant avec des processeurs ARM. Le gros bémol de Scaleway est son approche « en perpétuelle évolution ». Ce qui peut être une qualité peut s’avérer être un défaut : serveurs qui s’installent mal, règles de pare-feu sur IP qui bloquent complètement le serveur au point d’avoir à le redémarrer pour retrouver la main et disponibilités parfois aléatoires… rien n’a spécialement changé depuis l’année dernière où j’essayais Scaleway pour la première fois avant de jeter l’éponge après 2 semaines. Cependant, pour un usage ponctuel mais avancé Scaleway est un excellent choix pour son rapport prix/performances !

Hetzner

Jusqu’à il y a peu un outsider, Hetzner affiche un rapport prix/performances excellent. L’interface en anglais est très proche de celle de DigitalOcean et en reprend les mêmes qualités : simplicité et rapidité. La qualité de service ne souffre d’aucun reproche : la création des serveurs est rapide, la fiabilité est réelle. Sans être aussi orienté « technologie » que Scaleway, Hetzner propose de nombreuses ISO et applications à installer sur le VPS. Sans supplément de coût et moyennant une clef de licence à configurer post-installation, il est même possible de déployer en quelques clics un serveur Windows ! Seul le trafic sortant limité à 20 To et l’absence de firewall sur IP peuvent jouer en la défaveur d’Hetzner. Si cela n’est pas rédhibitoire, Hetzner est un choix tout à fait recommandable grâce à ses multiples datacenters situés en Allemagne et en Finlande.

DigitalOcean

DigitalOcean est probablement le meilleur compromis entre OVH et Hetzner. En reprenant la simplicité d’Hetzner et le professionnalisme d’OVH, DigitalOcean offre énormément de possibilités ; qu’il s’agisse de VPS (appelés droplets), mais aussi d’instances de bases de données ou d’espaces de stockage d’objets. Tout comme OVH, DO met à disposition une belle base de connaissances pour se faire la main sur les divers environnements proposés. Firewall sur IP, stockage supplémentaire, load balancing, déploiements Kubernetes, création d’images… tout ou presque est possible peu importe son niveau de compétences. Il est dommage que la tarification soit dans le haut du panier au regard des performances processeur des petites instances mais elle se justifie aisément par la qualité de service et l’intégration complète des divers outils proposés ; le succès de DigitalOcean se comprend aisément !

Et au final ?

Il n’est pas vraiment possible pour moi de départager ces plateformes, tant elles ont chacune leur qualités et leurs défauts, qu’elles évoluent rapidement, et surtout, que leur appréciation est avant tout une question de besoins. Pour un usage purement personnel de tests / apprentissage / curiosité, Hetzner est parfait : sa simplicité et la clarté de sa tarification – douce de surcroît – permettent de faire un premier pas dans le monde des serveurs. Pour un peu plus de possibilités en restant dans le même scope mais avec un côté « laboratoire à expériences » assumé, Scaleway est tout indiqué. Pour un usage plus pérenne et avancé, DigitalOcean ainsi qu’OVH répondent présents. La flexibilité et les possibilités pour l’un, la tarification au mois, l’interface en français et la qualité globale de service (tutoriels, support, infrastructures) pour l’autre. Le meilleur choix à faire est celui qui correspond à vos besoins ! Pour l’instant, mon cloud personnel est basé chez DigitalOcean… que j’ai rejoint après quelques mois chez OVH… après 8 mois chez Hetzner, pleinement satisfait, mais la curiosité l’emportant, j’ai fini par migrer vers un autre service. Combien de temps avant la prochaine migration ?

J’ai testé Scaleway, la « Disruptive Cloud Platform »

Dans l’optique de repenser ma plateforme Cloud personnelle et de changer de serveur car désormais surdimensionné par rapport à mes besoins, j’ai essayé Scaleway, qui est une filiale d’Online, qui propose des serveurs virtuels et physiques à des prix plutôt intéressants avec une interface simple et mettant en avant la flexibilité et la rapidité.

L’offre de Scaleway est plutôt simple à comprendre :

  • Les gamme Start, Pro et ARM sont basées sur des serveurs entièrement virtuels, cela signifie que les coeurs et RAM sont en partage avec d’autres utilisateurs sur le même serveur physique ;
  • La gamme BareMetal représente les serveurs physiques dédiés.
J’ai testé la gamme Start avec 2 types de serveurs :  le XS (1 core et 1 Go de RAM, pour 25 Go de disque) et M (4 cores, 4 Go de RAM et 100 Go de disque de base). 
Au niveau des CPU, il s’agit d’Intel Atom C3955 ; peu performants en soi par rapport à ce que l’on peut trouver dans des serveurs mais suffisants pour bien des usages et permettant d’offrir un prix plancher puisque le XS coûte 2,40€ par mois TTC maximum, la facturation étant à l’heure, un serveur qui est détruit dans le mois ne coûte que les heures où il a fonctionné. 
Concernant le stockage, c’est déjà un peu plus flou : il y a la notion de LSSD et de DSSD. Tous les disques chez Scaleway sont des SSD ; la différence entre le L et D SSD réside dans l’emplacement dudit stockage : le LSSD est en fait une allocation disque sur une baie de stockage en réseau, donc non-physiquement présente sur le serveur ou l’hyperviseur hébergeant votre machine, tandis que le DSSD est bel et bien un disque intégré au serveur. Ce qui est dommage, c’est que seul le plus gros serveur BareMetal comprend un DSSD ; pour le reste on est obligé de passer par la case disque réseau. Les performances sont cependant au rendez-vous, mais il faut garder à l’esprit qu’en fonction du noeud sur lequel notre serveur est installé cela peut fluctuer :
Seul le plus petit modèle héberge un LSSD de 25 Go, les autres serveurs offrent au minimum 50 Go de disque, extensibles par tranche de 50 Go, soit sur le même disque, soit en disque supplémentaires si l’on souhaite plusieurs points de montage. Dommage que la partition système ne soit pas extensible et soit figée à 50 Go. Par ailleurs, cela n’est pas précisé mais certains types de serveurs ont une limite de disques rattachables en nombre mais pas en taille ; si 1 To est le maximum de stockage pouvant être accolé à un serveur, au final sur un S on ne peut attacher qu’un disque, sur un M il n’est pas possible de rattacher un troisième disque, et ce qui est quelque peu idiot est qu’une fois un disque rattaché il n’est pas possible d’en augmenter sa taille (quelle raison, étant donné que ce ne sont que des allocations sur une baie ?)…
Le concept de flexibilité chez Scaleway est plutôt important car au final, le serveur n’est qu’un objet au même titre que les IP ou le stockage ou les images de déploiement ; on peut monter ou démonter nos LSSD sur n’importe quel serveur, supprimer un serveur sans perdre le stockage associé, etc. L’interface de gestion est plutôt claire et agréable à utiliser, même si potentiellement déroutante au départ pour qui ne parle pas anglais et/ou est néophyte. Quelque part le prix plancher des offres se paye par le support limité malgré une documentation relativement fournie par rapport aux services offerts.
La gestion d’un serveur est plutôt minimaliste mais a le bon goût d’offrir un accès console, permettant quand même de maniper au cas où le SSH est par terre ou bien que nous sommes connectés depuis une IP habituellement rejetée par SSH. On retrouve le nom du serveur, son emplacement géographique (Paris ou Amsterdam), son IP publique, son IP sur le réseau interne (qui change à chaque fois que vous éteignez ou rallumez votre serveur), et d’autres informations, y compris les disques. Par défaut, la connexion à un serveur se fait avec votre clé SSH renseignée dans votre compte.
La création d’un serveur est plutôt rapide, il doit se passer à tout casser 2 minutes entre le moment où l’on arrive sur la page de création et le moment où celui-ci est effectivement disponible :
On choisit la taille du serveur désiré, la distribution ou application pré-installée (par exemple WordPress, PrestaShop, OpenVPN…) ou encore un déploiement par rapport à une image que vous avez créé vous-même (et non pas un ISO personnalisé…) et c’est parti. Le choix de distributions comprend l’essentiel et se limite au monde GNU/Linux ; la virtualisation se base sur KVM et il n’y a pas de Windows disponibles.
Au niveau réseau, pas de grosse surprise, sur 300 Mbps annoncés :
Lorsqu’on souhaite éteindre un serveur, le stockage est déplacé de la baie de stockage vers des « archives » et le serveur n’est plus accessible immédiatement. Ensuite, lorsqu’on souhaite le rallumer, le stockage redescend vers la baie et les coeurs sont de nouveau alloués ; cependant il arrive que le processus de « rallumage » de serveur prenne du temps car les ressources ne sont pas disponibles ; il convient donc de laisser allumé le serveur 24/7 à moins de vraiment vouloir tirer jusqu’au bout la notion de facturation à l’heure… et pour rendre le serveur indisponible on pourra plutôt couper la patte réseau afin qu’il ne communique plus via la console intégrée.
Actuellement, il ne me reste chez Scaleway que le miroir du blog (basé sur un lighttpd tout simple) ; j’y avais 3 autres serveurs que j’ai fini par bouger ailleurs sur un hyperviseur basé sur Proxmox. En effet, la puissance un peu légère des processeurs pour faire fonctionner Plex et quelques autres applications était problématique, et la gestion du stockage méritait d’être améliorée car en total décalage avec la flexibilité annoncée et plutôt réelle du reste des éléments du cloud. En l’état, Scaleway est une très bonne plateforme pour y monter des serveurs peu critiques ou pour se monter des labos de tests ou encore une petite infrastructure cloud légère ; en gros pour des besoins particuliers. Pour un usage professionnel ou plus sérieux, d’autres fournisseurs me semblent plus adaptés.
Si je devais faire un bilan de mon expérience chez Scaleway en deux semaines :
  • Points forts : tarifs intéressants et à l’heure, rapidité de build d’un serveur, large panel de configurations matérielles, performances disques et réseau suffisantes dans une majorité de situations, flexibilité
  • Points faibles : gestion du stockage, support limité en version de base, interface uniquement en anglais, disponibilité de l’infrastructure lors de la remise en route d’un serveur incertaine.